L'écrivain Yannick Haenel couvre depuis plus de trois mois le procès des attentats de janvier 2015, pour Charlie Hebdo. Il a livré mercredi à Libération, avant le verdict du procès, son retour sur cette expérience
Vous ponctuez lundi votre 54e et dernière chronique par cette phrase : «Nous attendions la vérité, et nous avons le malheur pour tous : victimes, familles, accusés.»
Ce procès a été passionnant, mais la vérité judiciaire elle-même reste opaque. Il n’y a que du faux, des mensonges, des hypothèses. Les parties civiles, qui attendaient de comprendre, sont nécessairement frustrées. Quant aux accusés, on les voit accablés par des réquisitions qui semblent, pour certains d’entre eux, très sévères. Tout demeure obscur, terrifiant, comme si le terrorisme relevait d’une malédiction injugeable, contre laquelle toute juridiction vient buter. Le crime islamo-terroriste est si abominable qu’on a du mal à le contenir dans le droit : il s’efface, il est introuvable. Car qui sont à la fin ces personnes dans le box ? Des seconds couteaux du banditisme manipulés par Coulibaly ou des acteurs clefs de la logistique jihadiste ? Après cinquante-quatre jours d’audience, on n’a que des doutes, et ce doute rend malheureux.
Avez-vous le sentiment que tant de questions sont restées sans réponse ?
On a plongé dans une enquête sinueuse, un puzzle aux nombreuses pièces manquantes. On n’a pas réussi à retracer le cheminement complet des armes, ni établi les responsabilités de cha