C’est une écriture arrondie et soigneuse qui court sur les pages d’un grand cahier au format A3. Un journal de bord de l’épidémie de Covid-19 en quelque sorte, teinté d’une violente amertume. L’ensemble des événements, déclarations et décisions prises pendant cette année inédite de pandémie y est dûment consigné. Ce dimanche glacial de janvier, Nadia Bouhezza rencontre Libération dans un hôtel proche des Invalides, à Paris, essorée par la dizaine d’heures de route effectuée depuis Marseille, sa ville de toujours. A 50 ans, la travailleuse sociale, candidate sur la liste LR des 15e et 16e arrondissements aux dernières municipales, se prépare à une audition fleuve «par une juridiction d’exception», la Cour de justice de la République (CJR). Et entend bien y dérouler «son implacable chronologie».
Gouailleuse bien qu'un peu intimidée, Nadia Bouhezza fait partie des quelques citoyens dont la plainte à l'encontre de l'Etat, pour mauvaise gestion de la crise sanitaire, a été jugée recevable. Aujourd'hui, quatorze plaintes composent une instruction confiée à trois magistrats de la CJR, seule habilitée à juger l'action des ministres en exercice. Mais 71 autres plaintes doivent encore être examinées par la commission des requêtes. Le 16 octobre,