L’affaire Dati a démarré sous de mauvais auspices, il faut le reconnaître. La plainte déposée le 17 avril 2019 par une actionnaire de Renault a donné lieu le 31 mai suivant à l’ouverture d’une enquête préliminaire par le Parquet national financier (PNF), visant non seulement l’ancienne ministre mais aussi Alain Bauer, un spécialiste de la sécurité proche de Nicolas Sarkozy ou de Manuel Valls.
Mais le PNF s'est pris rapidement un beau Scud, un mois après avoir commencé à travailler. Une juge des libertés et de la détention (JLD) du tribunal de Paris, saisie d'une demande de perquisition chez Rachida Dati, a refusé tout net : «Aucun indice d'une prétendue corruption n'est donné», et si Rachida Dati a perçu des honoraires de Renault-Nissan, c'est en vertu d'un contrat «régulièrement conclu», assène-t-elle dans son ordonnance du 2 juillet 2019, rejetant - fait rare - la demande du PNF. Bref, circulez, il n'y a rien à voir. Alors qu'une perquisition constitue un acte d'enquête majeur destiné, justement, à étayer d'éventuelles suspicions…
Résultat : une information judiciaire a été ouverte et confiée à des juges d'instruction qui, eux, n'ont pas besoin du feu vert du JLD pour perquisitionner. Leur perquisition au domicile de l'ancienne ministre et dans son bureau de la mairie du VIIe arrondissement de Paris a eu lieu le 22 octobre 2019, soit plus de trois mois perdus pour les investigations…