C’était donc dans l’air dès le soir du premier tour des municipales. Dans une interview accordée à Elle ce jeudi, Michèle Rubirola, ex-maire de Marseille, raconte comment, le 15 mars, alors que le Printemps (union des gauches) vient d’arriver en tête sur la ville, elle évoquait déjà avec le socialiste Benoît Payan la possibilité de «switcher» leur place en cas de victoire. «C’est moi qui, pressentant les difficultés, ai proposé à Benoît de switcher. “Mais Michèle, m’a-t-il répondu, c’est impossible, ça ne se fait pas !” Comme je ne voulais pas faire perdre mon camp, j’ai tenu bon. Sauf qu’être maire de la deuxième ville de France, ça ne s’improvise pas.»
«Médecin dans l’âme»
Elue maire le 4 juillet, dès ses premières semaines au poste, les doutes s'accumulaient sur sa volonté de poursuivre son mandat jusqu'à son terme. Son départ en convalescence, en septembre, ses difficultés avec les médias… Alors que les questions s'accumulent, «je reste», assure-t-elle pourtant dans une interview à Libé le 25 octobre, assumant cependant de travailler en «binôme» avec Benoît Payan, son premier adjoint.
Les urgences liées à la crise sanitaire et l'état des finances de la ville, «catastrophique» après vingt-cinq ans de gestion Gaudin, achèvent de la convaincre qu'il faut à Marseille un maire «beaucoup mieux armé que moi pour les situations de crise». Comprendre Benoît Payan, dont elle suggère le nom dès l'annonce de son départ, finalement acté le 15 décembre. «J'ai essayé, je vous jure, plaide encore l'élue dans Elle. Pendant des semaines, j'ai lutté contre moi-même. Mais je suis restée un médecin dans l'âme. Avant de prendre une bonne décision, j'avais besoin de connaître tout le dossier, comme pour un diagnostic ! […] Le problème, c'est que tout cela me demandait un temps et une énergie que je ne pouvais pas donner à cause de mes problèmes de santé.»
Benoît Payan et Michèle Rubirola le 23 octobre. Photo Patrick Gherdoussi pour Libération
Elle assume sa décision, même si certains électeurs crient à la «trahison» – «Soyons honnêtes, combien parmi eux ont voté uniquement et seulement pour moi ? Le Printemps, c'est un collectif.» –, d'autres lui reprochant de tirer une balle dans le pied de la cause féminine, en cédant sa place à un homme. «Vision patriarcale, rétorque-t-elle. Femme ou homme, là n'est pas la question. J'en ai parlé avec Anne Hidalgo, qui a très bien compris ma décision. Elle, avant d'être maire, a été adjointe pendant de nombreuses années. Moi, j'ai été élue trop vite et trop tôt.»
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Désormais première adjointe de Benoît Payan, en charge notamment de la santé, elle veut «agir», notamment sur le front de la crise sanitaire liée au Covid. Et aussi se consacrer à sa famille : «Je m’occupe seule de ma mère que je n’ai pas assez vue ces derniers temps. J’ai des petits-enfants, j’espère en avoir d’autres et je compte bien en profiter !»