Onze ans de procès, de procédures et de recours pour une «décision qui ne manque pas d’interroger». La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a estimé, dans un arrêt rendu ce jeudi, que la France n’avait pas porté atteinte à la liberté d’expression des journalistes de Mediapart en faisant retirer 70 articles concernant l’affaire Bettencourt du site d’information. «On ne s’attendait pas à cette décision», a confié Fabrice Arfi à Libération. Le journaliste, et coauteur de l’enquête autour de l’héritière de la fortune L’Oréal, considère que cela représente «une vraie régression sur la liberté d’informer».
Vie privée ou intérêt général ?
En 2010, l'équipe de Mediapart obtient des enregistrements audio, réalisés par le majordome de Liliane Bettencourt à son insu. L'objectif de ces bandes : prouver que la femme d'affaires est victime d'abus de faiblesses de la part de plusieurs personnes de son entourage, y compris de son conseiller financier, Patrice de Maistre. «Mi-juin 2010, nous avons publié des articles avec des retranscriptions de ces enregistrements, rappelle Fabrice Arfi. C'est face aux vagues de démenti qui nous ont été opposées que nous avons diffusé les bandes.»
La famille Bettencourt et Patrice de Maistre considèrent alors que ces enregistrements portent