Tout ça pour ça. En à peine douze jours, la première enseigne de grande distribution française et premier employeur de l’Hexagone a bien failli changer de propriétaire. Avant que l’Etat, par la voix de Bruno Le Maire, ne siffle brutalement la fin de partie. Le ministre de l’Economie a dit «niet» au rachat de Carrefour par le groupe canadien Couche-Tard. Une manière, pour le gouvernement, de rappeler qu’il a son mot à dire sur ce genre de deal, et pour Le Maire de réaffirmer sa place d’arbitre dans les grandes opérations financières ou industrielles. Trois mois plus tôt, malgré sa montée au créneau, le patron de Bercy n’avait pu s’opposer à ce qu’Engie, dont l’Etat est actionnaire, vende sa participation dans le distributeur d’eau Suez à son principal concurrent, Veolia. Raison de plus pour ne pas laisser filer le contrôle de Carrefour de l’autre côté de l’Atlantique.
2 janvier
Couche-Tard se lève tôt
Le courrier vient de Montréal, Québec, et il est adressé au siège social de Carrefour à Massy (Essonne). Quasi inconnu en France, Couche-Tard, numéro 1 canadien de la grande distribution, fait part dans cette lettre de son souhait d’ouvrir des discussions avec le groupe français et d’imaginer un avenir commun si affinités. Quelques semaines plus tôt, les dirigeants de Couche-Tard avaient effectué un voyage discret en Europe, histoire de repérer des cibles potentielles. Lorsqu’il prend connaissance de cette lettre, Alexandre Bompard, le PDG en poste depuis trois ans, informe