Il se souvient du froid. Du thermomètre, qui affichait à peine 2 degrés au petit matin. De l'épais brouillard qui recouvrait son exploitation, située à Doazit, petite commune de 900 âmes dans le sud des Landes. Ce 7 janvier, Eric Lafenêtre n'est pas près de l'oublier. Quelques heures plus tard, des hommes en combinaison prenaient la vie de ses 3 000 volailles contaminées par la grippe aviaire. L'autre virus. «Le genre d'image qu'on n'oublie pas. L'ambiance était surréaliste et moi j'étais totalement impuissant», raconte l'éleveur une semaine après, encore submergé par l'émotion.
Depuis le 5 décembre, le jour où les premiers cas d'H5N8 ont été identifiés dans le département, ils sont plusieurs dizaines d'éleveurs, comme Eric Lafenêtre, à vivre le même «cauchemar». Selon le dernier bilan communiqué par le ministère de l'Agriculture, jeudi, la France compte 273 foyers de grippe aviaire, dont 252 dans le Sud-Ouest. Avant l'abattage, tous reçoivent un coup de fil, «parfois juste un SMS». Puis vient l'attente, souvent «trop longue» et «difficilement supportable». Mais en plein cœur de l'épidémie, les agriculteurs ne sont pas les seuls à subir violemment les effets de cette grippe dévastatrice. Sur le front également : les vétérinaires.
«Détresse humaine»
Qu'ils soient du secteur privé ou qu'ils relèvent de l'autorité de l'Etat, ces soigneurs sont nombreux à intervenir eux-mêmes dans les fermes pour pratiquer des euthanasies en masse. Xavier Banse en fait pa