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Libération
Bras de fer

Cerné par Veolia, Suez trouve en Ardian son chevalier blanc

Convoité par son grand concurrent, le numéro deux français de la distribution d’eau et du traitement des déchets a monté une contre-offre avec les fonds Ardian et GIP. Une bagarre financière se prépare avec Veolia qui veut en finir avec Suez.
Le siège de Véolia à Paris. (Photo Nathan Laine Hans Lucas. AFP)
publié le 18 janvier 2021 à 7h59

Pas de trêve dominicale dans la castagne financière pour le contrôle du numéro deux français de l’eau et des déchets, Suez. Dimanche en fin de journée, le fonds d’investissement français Ardian associé à son homologue américain Global Infrastructure Partners (GIP) ont annoncé qu’ils avaient informé le conseil d’administration de Suez de leur intérêt pour une «solution amicale» concernant l’avenir de Suez.

Pour ceux qui ont raté les épisodes précédents, Suez est depuis cet été l’objet d’une féroce bataille pour le contrôle de son capital. Son concurrent de toujours, Veolia déploie tous ses efforts pour le racheter et a déjà récupéré 29,9% de l’affaire moyennant un chèque de près de trois milliards. Mais Suez est bien décidé à ne pas se laisser avaler et bataille depuis des semaines pour trouver une offre alternative. C’est chose faite depuis dimanche soir avec la candidature officielle du fonds d’investissement Ardian: il s’agit d’un prétendant français, ce qui est une condition requise, Suez distribuant de l’eau et traitant des déchets dans nombre de communes de l’hexagone.

«Solution amicale»

Reste que pour mettre la main sur 100% du capital de Suez, il faut débourser plus de 11 milliards d’euros. Histoire de limiter l’addition et les éventuels risques, le candidat Ardian s’est associé à un autre investisseur, américain celui-ci : Global Infrastructure Partners, spécialisé dans la gestion des infrastructures telles que les routes ou les aéroports.

Pour l'heure, Suez et Ardian parlent à qui mieux mieux d'une «solution amicale» dans laquelle Suez et Veolia, ennemis d'hier, seraient prêts à «ouvrir le dialogue». «Un accord est possible et souhaitable», affirme à Libération Mathias Burghardt, directeur d'Ardian Infrastructures. Il n'y aurait donc pas d'opposition entre les deux entreprises pour la recherche d'une solution. A ceci près qu'Ardian et GIP sont candidats à un rachat de 100% de Suez. Or, Veolia a fait savoir dès dimanche soir que les 29% de Suez qu'il possède déjà «ne sont pas et ne seront pas à vendre». Une manière pour le PDG de Veolia, Antoine Frérot, de couper court aux spéculations selon lesquelles il renoncerait à son offre d'achat, si Suez lui revendait certaines de ses activités aux Etats-Unis ou encore en Europe, en guise de lot de consolation. Difficile, dans ces conditions, d'imaginer un accord à l'amiable. D'autant que Suez et Veolia s'affrontent depuis des mois dans plusieurs procédures judiciaires, civiles ou pénales, toujours en cours.

La confrontation pourrait également se jouer sur le terrain financier. L’offre des fonds Ardian et GIP est de 18 euros par action Suez. Exactement le prix proposé par Veolia. Pour emporter l’affaire, l’un ou l’autre des candidats pourrait être tenté de surenchérir en proposant 19 ou 20 euros par action. Ce serait alors le top départ d’une bataille boursière dans laquelle chacun des deux belligérants devra avoir mis de côté plusieurs centaines de millions d’euros pour ajuster son offre à la hausse.