Une partie des commissions des grands contrats d’armement signés dans les années 1990 n’a pas seulement fini dans les poches d’une poignée de proches de l’ex-Premier ministre Edouard Balladur et de son ex-ministre de la Défense, François Léotard (lire page 8) - comme la justice en a décidé, en condamnant au printemps 2020 les protagonistes sans maroquin de l’affaire Karachi, un jugement frappé d’appel et non définitif. Il aurait semble-t-il ruisselé vers d’autres horizons. Ces doutes, ces suspicions, que les juges n’ont pas réussi à étayer, continuent à poser question et reviennent de manière lancinante : non seulement dans la compréhension globale de l’utilisation des contrats d’armes à des fins d’éventuels financements politiques dans ces années-là, mais aussi en filigrane dans le cadre d’une autre affaire, celle du présumé financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.
Pour bien comprendre l'enjeu, il faut remonter le temps et revenir aux ventes d'armes par la France au Pakistan et à l'Arabie Saoudite. Signés à l'époque où Balladur occupait Matignon, ces contrats pourraient avoir servi de pompe à finances pour son entourage, qui préparait l'élection présidentielle de 1995, grâce à un réseau d'hommes d'affaires dans lequel on retrouve, notamment, l'intermédiaire Ziad Takieddine (lire page 9). Victorieux dans la course à l'Elysée, Jacques Chirac décide à son arrivée de couper le robinet à commissions.