Les dirigeants du groupe de grande distribution Canadien Couche-tard ont repris l’avion pour Montréal après le veto, sans appel, signifié par le gouvernement français à leur tentative de rachat de Carrefour. Le principal artisan de cette décision, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, va, lui, prendre le chemin de l’Assemblée nationale. Il y est attendu ce mardi, en fin de journée, pour une audition à huis clos. A l’ordre du jour : les raisons qui l’ont poussé à dire non au changement de propriétaire de Carrefour. L’absence de public et de retransmission est sans doute destinée à ce que l’explication soit franche.
Ironie de l’histoire, c’est la loi Pacte défendue par Bruno Le Maire qui permet aux parlementaires d’entendre le ministre de l’Economie, dès lors qu’il prend une décision de nature à impacter le paysage industriel et commercial français. Et, c’est cette même loi Pacte qui a étendu le périmètre des entreprises pour lesquelles Bercy peut s’opposer à l’arrivée d’un investisseur étranger, fusse-t-il minoritaire, dans le capital d’une entreprise française. Dès lors qu’il s’agit d’un secteur considéré comme stratégique.
«Nouveau capitalisme»
Le ministre de l’Economie répondra aux questions des présidents des commissions des affaires économiques et des commissions des finances du Sénat et de l’Assemblée nationale. Les quatre parlementaires vont vraisemblablement chercher à savoir si le gouvernement pourrait bloquer d’autres rachats d’entreprises françaises par un opérateur étranger à l’avenir. «Nous voudrions savoir si la décision prise à l’égard de Carrefour est le signe d’un changement de doctrine en matière d’investissements étrangers», précise à Libération Roland Lescure, le président de la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale. Les récentes déclarations de Bruno Le Maire sur «le nouveau capitalisme» au sortir de la crise sanitaire ou encore sur «l’ordre public économique» qui doit en découler sont peut-être un avant-goût de ses réponses.