Un jour, un magistrat a contredit François Léotard. Interrogeant l’ancien ministre de la Défense dans le cadre de son procès devant la Cour de justice de la République (CJR), l’avocat général venait de lui rappeler les propos de son successeur à l’hôtel de Brienne en 1995. Charles Millon avait en effet rapporté à la justice les coulisses de la passation de pouvoirs qui s’était tenue à l’occasion du changement de gouvernement, suite à l’élection de Jacques Chirac à l’Elysée : au cours de cet entretien secret entre l’ancien et le nouveau ministre, au lieu d’évoquer les sujets d’actualité brûlants, Léotard, avait raconté Millon, n’avait fait que lui parler de contrats d’armement.
La réponse de l'intéressé, 78 ans, pantalon et gros pull noir, jaillit et laisse pantois : «Je ne sais pas, je n'étais pas présent.» L'avocat général : «Mais si, vous étiez présent !» Comment la passation de pouvoirs aurait-elle pu s'effectuer en l'absence du ministre sortant ? Et Léotard de changer de sujet, rebondissant sur le «mépris» que lui inspire Charles Millon, un ancien allié politique devenu au fil des ans un adversaire farouche : «Ce mépris n'a fait que progresser, si j'ose dire, il s'était fait élire avec les voix du FN. Je n'ai aucune confiance en ce que disait M. Millon. Il n'a aucune espèce de morale.»
Un livre ou deux, un cahier de notes
Depuis le 19 janvier, François Léotard – déjà condamné, en 2004, à dix mois de prison avec sursis pour blanchiment et financement illicite du Parti rép