La table est recouverte d'une nappe rouge à carreaux, elle-même protégée par un set de table jetable. «Bien manger, c'est atteindre le ciel», énonce un proverbe chinois imprimé sur cette grande feuille. Pour la cinquantaine de clients du Poppies, ce mercredi midi, bien manger, c'est surtout «entrer en désobéissance civile». Au cœur de Nice, le restaurant a ouvert sa terrasse pour un service illégal. Un déjeuner dénué de spontanéité : ce repas était organisé par le restaurateur avec des gilets jaunes et des groupes habitués aux rassemblements, à grand renfort de messages sur WhatsApp.
A l’intérieur du Poppies, à Nice, ce mercredi.
Photo Eleonora Strano. Hans Lucas pour Libération
Isabelle n'est pas entrée dans le Poppies pour sa carte alléchante. Elle a commencé son verre de punch – la tournée du patron – et ne connaît toujours pas le menu. «Je viens ici pour la première fois, dit-elle. J'ai réservé la table il y a une semaine.» Pour un déjeuner aux allures de manifestation, alors que les restaurants sont fermés depuis fin octobre, lors de l'entrée en vigueur du deuxième confinement. Derrière elle, ça crie «résistance» et «liberté», ça chante la Marseillaise. Isabelle applaudit. «Je suis scandalisée par la fermeture des restaurants. On en a ma