Menu
Libération
Polémique

Dans les Ardennes, le pot de départ de la sous-préfète suscite l'indignation

Une réception organisée pour le départ de la sous-préfète du département par la mairie de Rethel le 21 janvier et réunissant une soixantaine de convives, a provoqué de vives réactions, alors même que les chiffres de l'épidémie repartent à la hausse dans la région.
La mairie de Rethel, dans les Ardennes, où a eu lieu le pot de départ critiqué. (Photo Richard Soberka. Hemis. AFP )
publié le 27 janvier 2021 à 15h40
(mis à jour le 27 janvier 2021 à 16h26)

Qui a dit que la bamboche était terminée ? Jeudi 21 janvier, à Rethel (Ardennes), on fête le départ de la sous-préfète, Mireille Higinnen-Bier, en poste depuis 2018. Deux ans de bons et loyaux services que la municipalité souhaite honorer. La ville organise alors un pot de départ à l’Atmosphère, une salle de spectacle de la commune. Une soixantaine d’invités sont conviés. Tout le gratin local est réuni : les acteurs du monde économique, le préfet, les élus, le procureur de la République… Petits-fours, mignardises et champagne sont servis aux convives pour le goûter.

La réception a suscité, c'est peu dire, l'indignation dans la région. Et ce, alors même que les indicateurs de l'épidémie repartent à la hausse ces derniers jours. «N'y a-t-il donc rien d'autre à commenter en ce moment ? Vive la délation, je n'aimerais pas être en temps de guerre !» a tenté de se défendre le maire, Joseph Afribo, dans les colonnes de l'Ardennais, qui a révélé l'information mardi. Sur les réseaux sociaux, les réactions ont fusé. «Faites ce que je dis, pas ce que je fais», raille un internaute. «Pendant ce temps-là nous sommes en couvre-feu [et] nous n'avons le droit de ne rien faire ni de se rassembler…» déplore une autre.

Dans le département, tous les chiffres sont dans le rouge : lundi, le taux d’incidence et le taux de positivité au Covid étaient en hausse. La préfecture annonçait le même jour huit décès, dont trois en Ehpad.

«C’est normal de dire au revoir»

A la mairie, on assure que le protocole sanitaire a été scrupuleusement respecté : pas plus de six personnes à table, du gel hydroalcoolique, le port du masque. Le champagne a même été servi par «des personnels masqués et gantés», dixit le maire. Et pour justifier ce cocktail servi en toute discrétion, celui-ci joue la carte de la politesse : «On se doit d'être respectueux envers la représentante de l'Etat qui nous a épaulés pendant trois ans. […] C'est normal de dire au revoir.» Et l'édile d'ajouter : «Il ne s'agissait pas d'une boum.»

Du côté de la préfecture – qui a autorisé l'événement –, on assure que ce type de réception «fait partie des usages». Y compris en période de crise sanitaire ? «Nous n'avons pas non plus partagé un repas de gala», tient à rassurer le préfet, Jean-Sébastien Lamontagne, toujours dans l'Ardennais.