De quel «retour vers le futur» la France va-t-elle écoper ? Un confinement calqué sur celui de mars dernier, ou un ressemblant à celui de novembre ? Avec ou sans écoles ouvertes, en d’autres termes. Avant d’engager quarante-huit heures de consultations avec les partenaires sociaux et les partis politiques, l’exécutif a fait (de nouveau) assaut de pédagogie médiatique et sanitaire jeudi après quatre jours d’une cacophonie grandissante au sommet de l’Etat sur le tour de vis à venir.
A la sortie du Conseil des ministres mercredi, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a évoqué un confinement «serré», déclenchant un vaste exercice d'exégèse de la parole officielle dans tous les sens. Jeudi, il a (un peu) précisé le terme, évoquant sur France Inter le retour à un «confinement qui a des effets suffisamment rapides et efficaces pour freiner davantage la circulation du virus». Ce qui ne fait pas vraiment avancer le schmilblick mais qui permet d'occuper l'espace en attendant un hypothétique Conseil de défense sanitaire ce week-end. «Ce n'est pas des décisions qu'on prend au pifomètre, ça se travaille avec les scientifiques, avec les épidémiologistes», a-t-il insisté, concédant en creux que toute précipitation serait socialement compliquée à assumer après quasiment un an de vie suspendue pour cause de pandémie: «Si on avait annoncé des décisions avant les deux semaines [annoncées pour faire le bilan du couvre-feu national à 18 heures, ndlr], les Français nous l'auraient reproché.»
Allonger les vacances de février
Au même moment sur France 2, le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, était lui aussi interrogé sur le retour de restrictions très strictes comme au printemps : pas d'école pour les enfants, commerces fermés, règle du kilomètre maximum ou une seule heure de sortie autorisée ? «Il ne faut s'interdire aucun scénario donc nous travaillons à ce scénario mais ce n'est pas celui qu'on privilégie a priori», a fait valoir Blanquer. Dans les écoles, «à ce stade, les contaminations n'explosent pas», a-t-il assuré, soulignant une fois encore que la France était «l'un des pays qui, en 2020, aura le plus sauvegardé de jours de classes pour les enfants», une «victoire» et une «fierté collective».
Quid des vacances scolaires qui, pour la zone A (qui comprend les académies de Besançon, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Dijon, Grenoble, Limoges, Lyon, Poitiers) doivent débuter samedi 6 février ? «On a toujours comme boussole, autant que c'est possible, de permettre à nos enfants d'aller à l'école, a abondé Gabriel Attal. On arrive dans la période des vacances de février […] Il est évidemment possible d'allonger les vacances d'un côté ou de l'autre», comme l'avait suggéré le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, dans Libération mardi.
Jean Castex doit mener jeudi et vendredi une série de consultations avec des parlementaires, associations d’élus et partenaires sociaux. Le Premier ministre débutera ce cycle de visio-conférences à 15 heures avec les présidents de groupe du Sénat, avant d’échanger avec ceux de l’Assemblée nationale à 16 h 45. Accompagné de plusieurs membres du gouvernement pour ces rendez-vous (Olivier Véran, Marc Fesneau, Gabriel Attal, Jacqueline Gourault), il consultera ensuite les associations d’élus à 18 h 30. Enfin, il fera un même point de situation vendredi à 15 h 30 avec les partenaires sociaux, notamment en compagnie de la ministre du Travail, Elisabeth Borne.