Le franc, la lire, la peseta sous pression
«C'EST LA FAUTE à Delors.» L'accusation a couru toute la semaine au palais Brongniart. Le retrait du président de la Commission européenne de la course à l'élection présidentielle a servi de détonateur à l'affaiblissement du franc et, par richochet, à une tension sur les taux d'intérêt à court terme. La devise française est tombée cette semaine à son plus faible niveau depuis un an contre le mark (au plus bas jeudi à 3,4515 contre 3,4487 vendredi). Pour Jacques Léonard, directeur de recherche à ING Bourse, «les marchés ont mal réagi au retrait de Jacques Delors car ils jouent de plus en plus l'Europe au niveau de la monnaie». Mardi, la lire a battu son record historique à la baisse contre la devise allemande (1.044 lires pour 1 mark). Crise politique italienne oblige. Enfin, la Banque d'Espagne a dû intervenir pour éviter à la peseta de connaître le même sort.
Fin de semaine, ces trois devises étaient encore vulnérables. Mais ce chahut sur les marchés des changes européens n'a pas débouché sur une nouvelle crise monétaire. Les professionnels privilégient pour l'instant la thèse d'un dérapage contrôlé des monnaies. Aucun signal fort de spéculation contre le franc n'a été détecté par les écrans de contrôle des salles de marché. Jacques Léonard va même plus loin: «La crise du SME de 1993 aura été la dernière crise de crédibilité avant l'unification monétaire européenne.»
Tension sur les taux courts En secouant le franc, la non-candidatu