interview
PAR BRUNO DRANESAS
CHRISTIAN DE BOISSIEU, PROFESSEUR D'ECONOMIE A LA SORBONNE «Pas de hausse des taux courts en France et en Allemagne»
LA BUNDESBANK a opté hier pour le statu quo monétaire, lors de sa première réunion de l'année. La banque centrale allemande a ainsi laissé ses deux taux directeurs inchangés (le taux d'escompte à 4,50% et le taux Lombard à 6%) et annoncé que les deux prochaines prises en pension (considérées officieusement comme un troisième taux directeur) se feront au taux fixe de 4,85%. Vingt-quatre heures après la remontée des taux d'intérêt en Espagne, la Bundesbank s'est donc refusée à étendre au reste de l'Europe ce durcissement monétaire, après les tours de vis donnés ces derniers mois en Grande-Bretagne, en Suède et en Italie. Christian de Boissieu, professeur d'économie à l'université Paris I (Panthéon-Sorbonne), ne croit pas, en 1995, à une hausse des taux d'intérêt directeurs en Allemagne.
Pourquoi les marchés anticipent-ils de plus en plus une remontée des taux d'intérêt des banques centrales?
Le problème important est aujourd'hui l'écart qui existe entre les taux directeurs des banques centrales et les taux pratiqués sur le marché monétaire. Par exemple, le taux d'appel d'offres de la Banque de France est actuellement à 5%. Or, le taux au jour le jour affiche 5,25% et le taux à trois mois est de l'ordre de 6%. Soit une différence de 100 points de base. Ce n'est plus une courbe, c'est un vrai mur pour les échéances à court terme. De cette