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Libération
Reportage

Le Trild bouté hors Sollac Dunkerque

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publié le 18 janvier 1995 à 0h42

REPORTAGE

isabelle mandraud

Le Trild bouté hors Sollac Dunkerque Dans cette usine du Nord, le «temps partiel indemnisé de longue durée» était vécu comme une mesure discriminatoire. Le rejet des salariés fut tel que, six mois à peine après sa mise en oeuvre, la direction fut contrainte de mettre fin à l'expérience.

Dunkerque, envoyée spéciale

- LES SALARIÉS DE SOLLAC, à Dunkerque (Nord), sont contents. Le Trild disparaît de l'univers quotidien de cette usine, installée sur les bords de la mer du Nord, spécialisée depuis trente ans dans la fabrication de tôles plates destinée à l'industrie automobile et les canettes de boisson. Le Trild, ce sigle un peu barbare, désigne le «temps réduit indemnisé de longue durée», une nouvelle version du chômage technique de longue durée, née avec la loi quinquennale sur l'emploi. Depuis six mois, un bon millier de salariés dunkerquois se sont vu imposer le Trild. Mais la mise en oeuvre de cette mesure a tourné court, tant le rejet a été fort. L'expérience avait pourtant été rebaptisée «réduction indemnisée du temps de travail (Ritt) solidaire», mais rien n'y a fait. Chez Sollac, on dit «j'ai été trildé» comme on dirait «j'ai été collé». La connotation péjorative est la même.

Etre «trildé» signifie avant tout chômer quelques jours par trimestre, avec une perte de salaire compensée aux deux tiers par l'Etat et l'entreprise, dans une limite de dix-huit mois.

«J'ai été trildé». Sur la feuille de salaire, le sacrifice ainsi exigé n'est donc pas des pl