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Combat sur une valeur

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publié le 24 janvier 1995 à 23h46

Combat sur une valeur

- «Savez-vous quel est le trou exact du Crédit Lyonnais? On dit 50 milliards, c'est faux, moi je prends à témoin les auditeurs d'Europe 1, c'est 100 milliards.» Bingo et tout dans la nuance. Qui a dit ça hier matin? Le candidat à l'Elysée Philippe de Villiers, au journaliste Franz-Olivier Giesbert qui, interloqué, a asséné au député européen un «vous poussez le bouchon un peu loin». Cela n'a point fait frémir le vendéen qui a rajouté: «On en reparle dans quelques mois, j'ai en ma possession la copie d'un rapport confidentiel, personne n'ose le sortir, c'est 100 milliards.» Bigre.

Joints au téléphone hier, les responsables de sa communication n'avaient rien à redire aux paroles du député. S'il l'a dit, c'est que c'est vrai. S'il a promis qu'on aurait le rapport (sa copie), il l'a dit, on ne peut pas mettre sa parole en doute. La presse' en tout cas n'y a pas eu droit hier, et l'attend.

Oyez donc, auditeurs du matin d'hier, vous avez eu droit à une première en France: un simple député a accès aux comptes confidentiels d'une banque publique. Des comptes auxquels pourtant n'ont accès, en théorie que les membres du Trésor, de la Banque de France et le ministre de l'Economie. Des comptes, surtout, qui font toujours l'objet d'âpres débats entre des commissaires aux comptes, les réviseurs, et la puissance publique. Et qui sont loin d'être arrêtés, le passé en fait foi. En 1994, on parlait d'une ardoise de 20 milliards, elle a dû être révisée à la hausse, mais p