Les coulisses de Renault
- LA FONDATION Saint-Simon, éprise de prospective, se tourne parfois vers le passé. La dernière note publiée par ce cercle animé par Pierre Rosenvallon, dans lequel passent Michel Bon (patron de l'ANPE), François Furet (l'historien de la Révolution française), ou Emmanuel Todd (sociologue), est en forme de rétroviseur. Raymond Lévy, l'ancien PDG de Renault, repasse le film du redressement de «l'ex-vitrine sociale». Au fil des pages, il emmène les lecteurs très choisis des Notes de la Fondation Saint-Simon dans les coulisses de l'entreprise.
Un, il raconte comment la très fameuse vitrine sociale a été cassée. En 1985, Georges Besse se retrouve confronté à une grève très dure au Mans. Un arrêt de travail dans l'usine sarthoise, et tout Renault est bloqué. La CGT teste le nouveau patron, elle perd. Explication: «Nous avions tous les inconvénients de la cogestion sans ses avantages. Lorsque Georges Besse est arrivé et que, après un certain temps, il a voulu prendre des mesures sérieuses, la CGT a déclenché une grève très dure au Mans, cassée grâce à une habile manoeuvre de la direction et au soutien inconditionnel du gouvernement de l'époque. La grève du Mans a échoué. J'étais en Belgique et j'ai envoyé un mot à Besse: Tu as gagné. Il m'a répondu: Nous en sommes loin.» En fait d'«habile manoeuvre», la direction de l'usine avait quadrillé la ville avec des points de rassemblement où les salariés de l'usine étaient invité à se présenter. Une signature au