Le créancier de Bidermann franchit l'Atlantique
Lassé d'attendre en vain son argent, le principal actionnaire américain du groupe français d'habillement est venu s'expliquer à Paris. Depuis huit mois, tous les projets de reprise de Bidermann ont capoté, faute d'un accord entre les deux parties. Etrange scène, hier, à l'hôtel Georges V. Entouré de ses avocats et conseils, Jeffrey Steiner, patron de la société d'investissement Rexnord Holdings (RHI), a entrepris de relater ses cinq années de liaison orageuse avec le groupe français d'habillement Bidermann dont il est le principal actionnaire aux Etats-Unis. Toute l'histoire de cette relation tient en un volumineux document de 600 pages, The Bidermann Affair, véritable catalogue épistolaire d'avocats.
C'est la menace d'un dépôt de bilan qui a poussé Jeffrey Steiner à franchir l'Atlantique. «Ce serait une solution catastrophique, affirme-t-il. Mais rien ne nous fera renoncer au remboursement de notre créance». RHI, filiale du groupe Fairchild, se dit prête à montrer le maximum de «flexibilité», pourvu qu'on la rembourse. Quitte à être payé en actions, s'il le faut, et à revoir à la baisse de «5 à 6 millions de dollars» (environ 30 millions de francs) l'ardoise laissée par Maurice Bidermann.
Un prêt à soixante jours Le 7 mars 1990, l'homme d'affaires français, désespéré de ne pas pouvoir boucler son tour de table pour le rachat de la société Cluett Peabody (les chemises Arrow, la licence Ralph Lauren, les chaussettes Gold Toe), vie