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Libération
Reportage

La déprime des buralistes

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publié le 15 février 1995 à 1h08

La déprime des buralistes

Le métier de buraliste n'est plus ce qu'il était. Ce n'est pas tant la privatisation de la Seita qui démoralise les débitants de tabac que la disparition d'une époque où la Gauloise était reine.

- LA PRIVATISATION de la Seita arrive à un moment de déprime chez les buralistes. La profession du «tabac-humide» (commerce de la cigarette et de la bière) n'est plus l'aristocratie qu'elle était dans le métier du bistrot. On ne dit plus «fier comme un bar-tabac». Les buralistes étaient 38.000 à la fin des années quatre-vingt, ils sont actuellement 36.000: leur nombre baisse de 400 par an, surtout en milieu rural. Parallèlement, les contraintes sont devenues plus pesantes avec des références en rayon qui sont passées de 300 à 880.

Un pouvoir face à l'Etat. Reste aux buralistes le privilège d'être les premiers collecteurs privés de l'Etat. Ils adhèrent obligatoirement à la Confédération des débitants de tabac qui a pesé de tout son poids pour faire adopter en décembre par l'Assemblée nationale un texte qui réserve 5% du capital de la Seita aux buralistes. Si la Confédération a obtenu que le monopole au détail subsiste à la disparition du monopole de la fabrication, ses adhérents restent tout de même partagés sur la privatisation de la Seita. Il y a les pour, des jeunes certains d'être des actionnaires chanceux. Et les contre, ceux qui sont proches de la retraite et considèrent le départ de la Seita du service public comme une hérésie. Et enfin les perplexes, ce