La SNCF perd des sous, les cheminots perdent confiance
La SNCF a annoncé hier une perte de 8,2 milliards en 1994. Et prévoit 8,9 milliards de francs de déficit pour 1995. Selon le sondage réalisé à l'automne par la Sofres, le moral des cheminots est en berne.
Lorsqu'il est arrivé aux commandes de l'entreprise, en mai dernier, Jean Bergougnoux était assis sur une poudrière, et sa mission était considérée comme quasi impossible. Le constat était sombre: situation financière dégradée, endettement abyssal et un mal-être social. Lui-même l'a reconnu, qui a opté d'emblée pour un discours réaliste en appelant les salariés à se mobiliser. Depuis neuf mois, il a réussi à redresser le résultat d'exploitation (7 milliards de francs en 1994, en hausse de 20%). Mais la situation financière reste critique: la charge de la dette du groupe a continué de s'accroître, pour atteindre 12,7 milliards de francs en 1994. Il a également réussi à imposer le calme aux cheminots et à faire passer, sans trouble, un budget de transition 1995 plutôt amer (4.800 suppressions d'emplois et une prévision de pertes établies à 8,9 milliards). Mais le malaise des quelque 180.000 cheminots n'a pas disparu, ce n'est pas le dernier baromètre interne qui viendra le démentir.
Tous les deux ans, à l'automne, la direction commande une enquête à la Sofres pour prendre le pouls des cheminots, établir un diagnostic social de la situation. Mais, exceptionnellement, le sondage 1994 (1), remis en décembre dernier, a été tampon