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Libération
Enquête

Le dur réveil des investisseurs français au Viêt-nam

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Les hommes d'affaires français affichent aujourd'hui un certain découragement, au Viêt-nam. Deux tiers des projets négociés depuis 1988 sont restés lettre morte et la France ne se classe qu'au huitième rang des investissements, distancée par les voisins d'Hanoi.
publié le 24 février 1995 à 0h45
(mis à jour le 24 février 1995 à 0h45)

- LE VIET-NAM, lui aussi, entend devenir un «tigre», et il est pressé. Le cap des 11 milliards de dollars d'investissements étrangers agréés (57 milliards de francs) a été franchi en janvier et le pays a accueilli, pour la première fois, plus d'un million de visiteurs en 1994. Mais trop d'obstacles demeurent encore, empêchant un véritable décollage. D'une part, les Américains et les Japonais, premiers acteurs économiques en Asie du Sud-Est, restent toujours en retrait. D'autre part, l'absence de cadre juridique, la corruption endémique et l'inefficacité de la bureaucratie, freinent les investissements étrangers.

A l'exception des plate-formes pétrolières. L'image idéalisée du Viêt-nam, qui prévalait il y a deux ou trois ans, a laissé peu à peu place à une grande méfiance. «La loi des investissements est toujours très floue et le système légal vietnamien reste féodal, puisque les pouvoirs locaux ou provinciaux peuvent ignorer les directives du gouvernement, explique Alain Chaillet, représentant de la BNP au Viêt-nam, dans une interview au journal francophone le Mékong. De plus, ajoute-t-il, il n'existe pas de tribunaux autres que ces commissions d'arbitrage devant lesquelles la partie étrangère perd systématiquement.»

Bref, dans ce pays en transition, un accord n'est jamais définitivement scellé et les circulaires administratives sont interprétées de façon pour le moins imprévisible. La compagnie pétrolière Total, par exemple, en a fait l'amère expérience. Chargée du plus impo