Francis Lagarde, en reprenant EAS en 1991, voulait revendre la
compagnie d'aviation rapidement. En fait, il n'a eu de cesse d'en vider les actifs au profit de ses autres sociétés, et de se débarrasser de salariés jugés encombrants.
- «UNE SIMPLE opération de portage.» C'est en ces termes que Francis Lagarde, patron de la société Financière Saint-Fiacre, a décrit un jour (1) ce que devait être à l'origine, pour lui, la reprise de la petite compagnie aérienne EAS, rachetée environ 90 millions de francs le 27 décembre 1991. Trois ans plus tard, le financier est pourtant resté aux commandes. Mais dans un climat qui a viré à l'orage. Ses relations avec son personnel se sont à ce point envenimées que tout dialogue est devenu impossible. D'un côté, les salariés vouent une haine sans bornes à celui qu'ils désignent comme «un voyou, un dépeceur». De l'autre, Francis Lagarde ne mâche pas ses mots, lorsqu'il traite, en public, ses hôtesses de «vieux rossignols hors d'âge» ou de «salopes». Parallèlement, la situation financière d'EAS n'a fait qu'empirer. Lorsque Francis Lagarde s'est décidé à déposer le bilan, le 23 janvier dernier, la compagnie avait atteint 111 millions de francs de pertes en 1994, pour un chiffre d'affaires estimé à 620 millions, contre 79 millions de déficit l'année précédente.
Chantage à l'emploi. La tension est surtout montée à l'automne dernier, quand Francis Lagarde a informé par courrier le personnel d'une refonte totale des accords de l'entreprise. Les salariés