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Libération

Wall Street rit, le franc pleure

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publié le 26 février 1995 à 0h49

LA PLANETE FINANCIERE est désormais coupée en deux. D'un côté de

l'Atlantique, Wall Street est sur un nuage (jeudi, l'indice Dow Jones a cassé pour la première fois la barre fatidique des 4.000 points en clôture). De l'autre, les places européennes résistent tant bien que mal à une tempête monétaire de plus en plus ravageuse.

Vendredi, les trous d'air ont encore été particulièrement violents. Les banques centrales d'Italie et d'Espagne ont dû intervenir pour soutenir leurs devises tombées à leurs plus bas niveaux historiques face au mark, véritable roi de l'échiquier monétaire (1.120 lires ou 88,32 pesetas pour un mark). Pris dans le tourbillon haussier de la devise allemande, le franc français perd chaque jour un peu plus la face devant Sa Majesté, le deutschemark. Vendredi, la barre des 3,52 francs pour un mark a été cassée. Soit le cours le plus bas depuis octobre 1993. En cinq mois, le franc aura perdu 10 centimes face au mark. Il se rapproche désormais de son record historique établi le 16 août 1993 à 3,5490 deux semaines après l'élargissement à 15% des bandes de fluctuation du système monétaire européen (SME).

Ce maelström monétaire tient essentiellement à deux explications. D'abord, l'effondrement du dollar. Pour Antoine Brunet, économiste au Crédit Lyonnais, «l'impact négatif du billet vert l'emporte actuellement en Europe sur le tassement des rendements obligataires». Traduction: pendant que l'Amérique célèbre la fin des tensions sur les taux d'intérêt, les investisse