Le Canada déclare la guerre du turbot à l'Europe
Montréal, de notre correspondant Au lendemain de son coup de force jeudi dans les eaux internationales au large de Terre-Neuve, Ottawa menaçait vendredi d'arraisonner d'autres chalutiers européens tout en se déclarant favorable à une solution diplomatique à la «guerre du turbot».
Abordé jeudi de façon «musclée» par des agents armés du ministère des Pêches et de la Gendarmerie royale canadienne (GRC) à environ 260 milles des côtes de Terre-Neuve, le chalutier espagnol Estai se dirigeait sous bonne garde vers le port de Saint-Jean, où il était attendu vendredi soir ou samedi. Des «accusations appropriées» seront portées contre son capitaine, mais l'équipage sera autorisé à regagner l'Espagne, a indiqué le ministre canadien des Pêches, Brian Tobin.
Soutenu par la majorité de la population des «provinces maritimes», où 50.000 personnes sont au chômage depuis le gel de la pêche à la morue, Tobin a une nouvelle fois proposé un moratoire de soixante jours sur la pêche au turbot. L'intervention des autorités canadiennes en eaux internationales ne constitue pas une surprise. Le Canada avait été, à la fin des années 70, l'un des premiers pays à porter sa zone maritime à 200 milles et, au printemps dernier, il a adopté une loi qui lui permet d'arraisonner des navires au-delà.
Fort de l'argument selon lequel le turbot est menacé par la surpêche des chalutiers étrangers sur les Grands Bancs de Terre-Neuve, le Canada est passé outre les convent