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Libération
Enquête

Immobilier: le salaire de la peur

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publié le 24 mars 1995 à 1h50

Banques ou promoteurs, ils ont aujourd'hui des millions de mètres

carrés de bureaux sur les bras. Les pertes sont déjà colossales, mais pas question de brader, sous peine de provoquer un krach. Il faudra tenir, nerveusement et financièrement , le temps d'écouler les stocks.

- AU 72 DES CHAMPS-ELYSÉES, sur le versant ensoleillé de la célébrissime avenue, gît une carcasse vide, victime en dur d'une crise immobilière devenue familière. Sur la façade classée de l'immeuble ­unique vestige du site­ une pancarte avec un numéro de permis de construire, et l'annonce d'un projet de construction: une résidence hôtelière avec commerces en rez-de-chaussée et parkings en sous-sol. A priori rien que du grand luxe sur une artère de milliardaires. Sauf que le grand luxe ne se vend plus et que les milliardaires se terrent. Bref, ce qui a probablement été conçu pour être une opération flamboyante se révèle aujourd'hui comme un échec immobilier magistral, catastrophe emblématique d'une affaire de promotion dont les institutions financières ne savent plus quoi faire depuis quatre ans. Et qui leur coûte de plus en plus cher.

Car, depuis 1992, une bâche géante tente de cacher un chantier qui n'a jamais vraiment commencé. Un an plus tôt, à la fin de 1990, la Siri, société de promotion dirigée par Alain Taieb, propose au Comptoir des entrepreneurs une immense opération de rénovation au 72 des Champs-Elysées: un immeuble haussmanien, mitoyen de l'ancien hôtel Le Claridge, offrant 18.000 mètres carrés u