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L'héritier de Seagram se voit à Hollywood. Stratégie ou caprice? En visant les studios MCA, Bronfman inquiète Wall Street.

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publié le 10 avril 1995 à 4h17

L'héritier de Seagram se voit à Hollywood

Stratégie ou caprice? En visant les studios MCA, Bronfman inquiète Wall Street.

Washington, de notre correspondant Les commentateurs un brin condescendants n'ont pas attendu l'annonce officielle du rachat des studios de cinéma MCA par la firme Seagram, jusque-là plutôt connue dans le grand public par ses activités dans le domaine des vins et spiritueux, pour railler ce qui ne serait qu'une forme de fascination d'un fils de (très riche) famille envers Hollywood, ses stars et ses paillettes. A 40 ans à peine, Edgar Bronfman Junior, qui avait succédé à son père à la tête de Seagram et d'une des plus grosses fortunes privées d'Amérique du Nord, a déjà réussi à inquiéter Wall Street avec la vente, officiellement confirmée vendredi (voir Libération des 8-9 avril), des quelque 23% que Seagram détenait dans la firme chimique Dupont ­pour 8,8 milliards de dollars (42 milliards de francs au cours actuel). Dupont était devenu l'une des principaux pourvoyeurs de bénéfices pour Seagram, et la perspective de voir un investissement sûr remplacé par les aléas irrationnels de l'industrie cinématographique californienne a sérieusement inquiété les investisseurs.

Car c'est bien de cela qu'il s'agit déjà, dans l'imagerie boursière: une firme jusque-là respectable troque un portefeuille sûr pour une danseuse instable. Le coupable de la transgression est désigné: Edgar Bronfman Junior, qui s'était lancé sans succès dans la production de films, s'était essayé