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Libération

Avec 3,23 milliards de pertes, Eurotunnel encore sous perfusion

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publié le 11 avril 1995 à 4h16

C'est un peu mieux que prévu, mais encore tellement loin du compte.

La perte nette d'Eurotunnel pour 1994, année d'ouverture du tunnel sous la Manche, s'élève à 3,23 milliards de francs. La direction du consortium franco-britannique, qui s'attendait à un déficit de 3,82 milliards, estime pourtant que 1995 «pourra être l'année du succès comme de l'échec». Un flou artistique de circonstances. Pour la première fois depuis le début de la commercialisation du lien trans-Manche, les plus hauts responsables du consortium doutent de l'investissement Eurotunnel. Dans leur lettre aux actionnaires, les deux coprésidents, Patrick Ponsolle et sir Alastair Morton, ne cachent pas qu'«Eurotunnel demeure un investissement à risques». Et d'ajouter: «En 1995, le poids du service de la dette peut devenir insupportable», les besoins en financement de la société étant aggravés, selon eux, par la hausse des taux d'intérêt.

De toute évidence, la part de marché occupée par Eurotunnel depuis le début de sa mise en service ­ 20% du trafic sur les liaisons courtes trans-Manche marchandises et passagers ­ se révèle insuffisante.

Après de nombreux retards de mise en service, le chiffre d'affaires d'Eurotunnel ne s'est élevé qu'à 255,5 millions de francs en 1994 et pour le seul premier trimestre 1995 il devrait être légèrement inférieur à 400 millions de francs.

En attendant de savoir si la commercialisation du système adopte un rythme de croisière équilibré, Eurotunnel doit toujours faire face à ses échéanc