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Chez Belin-Evry, les grévistes grignotent les syndicats. Les ouvriers de la biscuiterie de l'Essonne, filiale de Danone, négocient directement avec la direction sur les salaires.

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publié le 11 avril 1995 à 4h16

C'est à peine si l'on distingue la banderole à l'entrée de l'usine,

en bordure de l'autoroute: «Belin est en grève.» La biscuiterie d'Evry (Essonne), filiale du groupe Danone, a pourtant cessé le travail depuis une semaine, pour 1.500 francs d'augmentation de salaire. Hier, à 9 heures du matin puis à 13h30, devant les portes des ateliers, la grève a été reconduite à mains levées. De la même façon, les dernières propositions de la direction (1,7% d'augmentation générale + 150 francs ou bien passage de la prime de vacances de 200 à 2.200 francs, soit 128 francs net par mois) avaient été rejetées la semaine dernière. Dans le calme et la détermination, la majorité des 500 ouvriers de l'usine (90% selon les grévistes, 60% selon la direction) a cessé tout travail. Seuls, les cadres et le personnel administratif n'ont pas suivi.

A l'intérieur, les chaînes sont silencieuses. Presque toute la production des Pepito, le biscuit phare de l'usine, des Chipster et des Petits Coeurs est paralysée. Quelques agents de maîtrise en blouse blanche arpentent, désoeuvrés, les couloirs.

Ici, les délégués syndicaux sont absents. Ou plutôt, ils ont rangé leurs «casquettes» syndicales dans leurs poches. «Le mouvement est parti des ouvriers. D'abord aux fours. Puis, très vite la grève s'est étendue: 50% le lendemain, 80% le jour suivant et ainsi de suite. Ce sont des non-syndiqués les meneurs», affirme Antonio, 30 ans, ouvrier de maintenance. Un comité de grève est né, composé d'une majorité de non-syn