Lors de l'émission Face à la Une qui lui était consacrée en début de
semaine, Philippe de Villiers a soudain exhibé une «pomme chilienne achetée en grande surface» alors «qu'on arrache les pommiers français». Drapé dans sa toge de vestale de la golden delicious, il souhaitait ainsi dénoncer l'aberration d'une politique qui contraindrait les producteurs nationaux à se saborder au profit d'importations non communautaires.
Pour bien enfoncer le pépin, l'aspirant-président a même précisé qu'on achète chaque année 900.000 tonnes de rouge, sala et autre granny-smith au Chili, à l'Argentine, à l'Afrique du Sud ou à la Nouvelle-Zélande, ce qui correspond exactement à la production des 25.000 hectares de l'Union européenne voués à l'arrachage. Fort d'un récent (mais certainement trop rapide) déplacement dans le Tarn-et-Garonne, haut lieu de la culture de fruits, de Villiers semble avoir bien mal étudié son dossier.
S'il est vrai que, depuis 1994, un programme d'arrachage a été initié dans la communauté en raison d'une surproduction de près de un million de tonnes par an, le candidat à l'Elysée a simplement omis de noter que les destructions de vergers étaient volontaires, surveillées, subventionnées et ne touchaient en général que les arbres de piètres catégories.
Ainsi, en France, les agriculteurs désireux de diminuer leurs surfaces doivent-ils remplir un dossier de «droits à l'arrachage» pour bénéficier d'une prime bruxelloise de 39.000 francs à l'hectare. Les superficies dégagées ne