Nos hommes politiques candidats à l'élection présidentielle seraient-ils hypocrites? Pour Denis Cohen, ils feignent de dominer la question des augmentations de salaires, alors qu'elle leur échappe totalement. Pour Jean-Paul Fitoussi, ils masquent derrière les exigences du traité de Maastricht leur absence de volonté politique de construire l'Europe.
Quelle politique pour une revalorisation des salaires Un nouveau consensus traverse la classe politique: l'augmentation des salaires. Lancé par Lionel Jospin, le mot d'ordre fait fureur. Tous se rallient à l'idée: le salaire n'est pas (n'est plus) l'ennemi de l'emploi, il est au contraire le moyen de relancer la consommation, d'accompagner la reprise, etc.
Avant de commenter ce qu'il faut en penser sur le fond, commentons tout d'abord la forme. Pourquoi ce ralliement? La réponse la plus simple a évidemment pour nom la reprise. La baisse prévue du taux de chômage suffit à convaincre ceux qui ont déjà un emploi qu'ils ne le perdront pas. Immanquablement, la question des salaires s'ensuit. Déjà, en 1989, la reprise, faisant baisser le chômage de 10 à 9%, avait poussé les salaires à la hausse. Quel homme politique pourrait s'opposer à une revendication soutenue par l'ensemble des salariés?
Il y a toutefois une autre explication à ce nouvel engouement. La revalorisation des salaires est devenue populaire auprès des hommes politiques pour une raison simple: elle ne coûte rien (ou peu) aux finances publiques. Or les caisses de l'Etat sont