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Libération
Reportage

L'angoisse de l'investisseur occidental en Russie

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publié le 27 avril 1995 à 2h40

L'angoisse de l'investisseur occidental en Russie

Presque pire que le racket, la législation changeante menace les projets les plus rentables.

Moscou, envoyée spéciale Sur la grande perspective Mira, au numéro 73, six lettres rutilantes rompent avec la grisaille des façades: Naf-Naf. La marque au petit cochon a ouvert, le 24 mars, sa première boutique dans le centre de Moscou. A l'intérieur, une jeune cliente manipule avec un plaisir non dissimulé des robes fleuries et des tee-shirts colorés. A deux mètres d'elle, une grand-mère observe, la moue réprobatrice. Sur les étiquettes, où figurent tous les prix européens, en francs, en marks, en lires, en pesetas, une autre, en roubles, a été rajoutée. Prix moyen d'un article: 250.000 roubles (250 francs). L'équivalent du salaire moyen mensuel, aujourd'hui, en Russie. «Le premier jour, nous avons vendus 120 pièces», affirme la responsable des commandes, Olga Mamonova, visiblement ravie.

«De l'argent, ici, il y en a, même si on estime à 10% la proportion des gens très aisés. Dans une ville qui compte 10 millions d'habitants, c'est suffisant...», souligne un parfumeur occidental présent en Russie depuis 1988. Autre exemple: Moulinex réalise sa plus forte croissance, sur le plan international, en Russie. La marque vend aujourd'hui 10.000 hachoirs par mois. En prenant un minimum de risques. La marchandise est vendue à près de 300 distributeurs locaux et livrée aux frontières. Sur place, Moulinex a mis en place une équipe ultraréduite pou