La Galice se crispe sur le flétan. Les pêcheurs manifestent samedi à
Saint-Jacques-de-Compostelle.
Vigo, envoyé spécial Sur le bord de mer de Vigo, depuis les décharge-conteneurs jusqu'aux chantiers navals, il n'y a que des bateaux. Et des kilomètres de quais, dont, évidemment, ceux du port de pêche, le premier d'Europe, «le deuxième du monde après Yokohama», affirme le maire, Carlos Principe, depuis la mairie dominant la baie.
Paysage gris et bruyant. La mer n'est pas une partie de plaisir: elle fait vivre nombre des 300.000 habitants de la ville, sans compter les 150.000 de la banlieue. «Toutes les familles du coin ont au moins un de leurs membres qui a quelque chose à voir avec la mer», dit José Barreiro, vingt-trois ans de mer derrière lui, aujourd'hui armateur de trois navires congélateurs et endetté jusqu'au cou avec ces bateaux qui peuvent coûter 50 millions de francs. Son joyau, le Playa de Sartaxens, 74 mètres de la proue à la poupe, est à quai, immobilisé depuis l'accord de Bruxelles.
Les 36 congélateurs espagnols tous de Vigo qui ont pêché 40.000 tonnes de flétan en 1994 n'auront droit cette année qu'à 9.000 tonnes. «Si je renvoyais demain le Playa de Sartaxens là-bas, sur les grands bancs de Terre-Neuve, ce serait à perte», ajoute José Barreiro. Pour les Galiciens, il n'y a pas de doute: l'Espagne a perdu la bataille du flétan. Samedi, à Saint-Jacques-de-Compostelle, capitale de la Galice, plusieurs milliers de personnes sont attendues pour protester contre l'ac