Rio, de notre correspondant
Sur ordre du président, Fernando Henrique Cardoso, et sous prétexte de garantir la liberté du travail, des détachements de l'armée ont occupé sans coup férir, dans la nuit de mardi à mercredi, quatre raffineries (trois dans l'Etat de Sao Paulo et une dans le Parana), paralysées depuis vingt-trois jours par une grève, qui affecte à des degrés divers dix des onze unités de production de Petrobras, la compagnie nationale des pétroles. Cette intervention militaire, d'une ampleur sans précédent depuis la fin de la dictature (1964-1985), démontre, si besoin en était, que le pouvoir a choisi l'épreuve de force, face à un mouvement jusqu'ici inflexible, dont les retombées se font sentir, aussi bien le long des queues kilométriques à l'entrée des points de vente de bouteilles de gaz de cuisine, que dans les usines des complexes pétrochimiques, contraintes au chômage technique pour cause de pénurie de combustible.
Les cinquante mille petroleiros (employés du pétrole) brésiliens revendiquent l'application immédiate du protocole sur les réajustements salariaux, négocié en novembre avec l'aval de l'ancien président Itamar Franco, auquel Cardoso a succédé le 1er janvier. L'actuel gouvernement, qui conteste la validité de l'accord, se refuse à négocier tant que la situation n'aura pas été normalisée. D'autant que le Tribunal supérieur du travail (TST) doit statuer aujourd'hui, après avoir déjà déclaré la grève illégale, sur un recours introduit par les syndicats