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Libération
Reportage

La colère des seigneurs de la pêche

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publié le 31 mai 1995 à 4h38

La colère des seigneurs de la pêche

Les pêcheurs de crustacés ne sont plus privilégiés et réclament eux aussi des garanties.

Paimpol, envoyé spécial Ce matin, le Breizh Atao est à quai. Les vives eaux ne sont pas propices à la sortie en mer du caseyeur de 12 mètres. Malgré la bruine qui fouette les visages et engourdit les doigts, les trois hommes d'équipage sont occupés à vérifier les 640 casiers ramenés la veille du large. «Même à terre, il y a du boulot, lance un matelot en soupesant la traction imposée à l'amarre de poupe. Toujours un filet à ramender, une caisse à réparer ou un coup de peinture à donner dans l'attente de coefficients de marée plus cléments.»

Yannick Hemeury, le patron, en a profité pour passer au Comité local des pêches de Paimpol (Côtes-d'Armor) dont il est président. A 31 ans, il est également à la tête de la commission crustacés du comité régional, en plein coeur d'une région où la pêche côtière est essentiellement consacrée à la capture du crabe, du homard, de la langouste et des coquilles Saint-Jacques. Aujourd'hui, Hemeury est en colère: il fulmine en brandissant la «lettre à Chirac» récemment adressée au nouveau Président par les organisations professionnelles pour lui exprimer leurs doléances concernant la mer. «On n'a même pas été consulté sur le contenu du document. Les gars du pays bigouden (sud de la Bretagne, ndlr) qui l'ont rédigée tout seuls commencent à nous courir!», s'insurge-t-il en ponctuant son indignation d'un tonitruant malez doué! (