Menu
Libération

Paris se met hors la loi pour les vaches corses. Bruxelles avait interdit les primes aux éleveurs insulaires, la France est passée outre.

Article réservé aux abonnés
publié le 13 juin 1995 à 5h30

Bastia, envoyé spécial

Pour plaire à la Corse, la France vient de se mettre hors la loi européenne. Paris va en effet verser près de 13 millions de francs aux éleveurs de Haute-Corse, au titre de la prime à la vache. Or le paiement de cette subvention, accordée dans le cadre des réglementations européennes, a été suspendu par Bruxelles pour toute la Haute-Corse en octobre dernier, pour cause de fraude massive. Pour les responsables du Fonds européen d'orientation et de garantie agricole (Feoga), «la reprise du versement de ces aides est conditionnée au respect par la France d'un certain nombre d'engagements. Pour l'instant, nous n'avons pas donné de feu vert».

Mais, visiblement, les responsables français se moquent des états d'âme européens. Et le 7 juin, le trésorier payeur général de Bastia a reçu l'ordre de procéder aux premiers règlements. Vrai gagnant de cette affaire, le nouveau président de la chambre d'agriculture, Michel Valentini, qui voit son autorité confortée. «Avec cette prime, il touche les dividendes de son engagement pour Jacques Chirac dans la campagne électorale», assure l'un de ses proches. Michel Valentini peut ainsi durcir le ton à l'égard du rapport des inspecteurs européens, qualifié d'«injuste et injustifié», ou assimiler les contrôles demandés par l'Europe à une «véritable inquisition».

L'Etat tenait pourtant une occasion unique de remettre de l'ordre dans un secteur en pleine anarchie, avec le rapport des inspecteurs européens. Un document accablant s