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Libération

Pour ou contre les petites nations?

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publié le 20 juin 1995 à 6h06

Les petites nations sont une plaie pour le fonctionnement du monde. Elles brisent l'harmonie des institutions supranationales (l'Europe, l'ONU), elles parasitent les efforts de concertation internationale, elles obligent à abandonner la gouvernementalité du monde aux forces du marché. Et pourtant, elles durent; et pourtant, elles jaillissent continûment. Pourquoi? Quels termes théoriques faut-il convoquer pour juger des arguments pour ou contre les petites nations?

Le constat en faveur des grandes nations est ancien, et s'appuie sur une philosophie développée, en gros, au XIXe siècle. Le modèle, en la matière, est donné par les Etats-Unis, dont la prospérité a longtemps été mise en parallèle à la taille de son marché intérieur. Protégés par un protectionnisme militant, les Etats-Unis ont pu faire gagner de formidables économies d'échelle à leurs entreprises, les faisant entrer en plein dans le gigantisme du capitalisme naissant. Un grand marché, un Etat fédéral puissant dès qu'il s'agit de protéger le marché intérieur, et une monnaie unique (celle-ci ayant d'ailleurs tardé, comme en Europe, à être fondée institutionnellement): on reconnaît aisément le modèle sur lequel se sont fondés les efforts d'unité nationale au siècle dernier, et la construction européenne aujourd'hui.

Pourtant, cette image de la prospérité des grandes nations semble bousculée aujourd'hui, à l'heure où les petites fleurissent. Un grand nombre de ces nouvelles «petites nations» sont nées de l'éclatement de