Un mois après la réélection du péroniste Carlos Menem à la
présidence de la République, l'Argentine s'enfonce dans la crise économique et sociale qui avait déjà agité plusieurs provinces à la veille du scrutin. Deuxième centre industriel du pays, Cordoba a été le théâtre de violentes émeutes, jeudi et vendredi dernier. La colère a éclaté après que le gouvernement provincial eut annoncé un train de mesures d'austérité, dont la plus mal accueillie est le versement du traitement des fonctionnaires en bons du Trésor émis par les autorités locales. La dette de Cordoba est évaluée à 800 millions de dollars (4 milliards de francs).
Craignant d'être désormais payés en monnaie de singe, les employés du service public se sont mis en grève, soutenus par les étudiants et les ouvriers de l'industrie automobile, en chômage partiel à la suite de la mévente affectant ce secteur. Et les manifestations ont dégénéré en affrontements avec les forces de l'ordre. Ce qui a fait remonter à la mémoire des Argentins le souvenir du cordobazo de 1969, l'insurrection populaire qui sonna le glas de la dictature militaire du général Ongania. La journée de vendredi a été particulièrement violente: un groupe de manifestants a mis à sac et incendié le siège de l'Union civique radicale (UCR), le parti d'opposition qui gouverne la province de Cordoba. Les émeutes ont fait 150 blessés et une vingtaine de personnes ont été interpellées. Le gouverneur de cette province située à 700 km au nord-est de Buenos Aires e