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Libération

Usinor: nouveau départ aujourd'huiLes actions sont proposées au prix de 86 francs pour les particuliers.

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publié le 27 juin 1995 à 5h54

Notre papy boursicoteur ne décolère pas: «C'est un comble!» Dans ses

mains, un prospectus pour acheter des actions Usinor-Sacilor. Mais Jacques Sère a déjà donné: actionnaire du sidérurgiste jusqu'en 1986, il avait perdu près de 200.000 francs au moment où Usinor et Sacilor avaient frôlé le dépôt de bilan ­ 45 milliards de francs de pertes cumulées.

Son infortune lui fut communiquée par un courrier bancaire du 29/12/1986: «Vos titres sont à considérer comme ayant défitivement perdu toute valeur.» A l'époque, son sang ne fit qu'un tour: perdre de l'argent en Bourse, passe encore. Mais se faire poignarder par son député du XVe arrondissement, accessoirement ministre de l'Economie, c'en est trop. Carte RPR no 878348-7518, Jacques Sère écrit à Edouard Balladur: «Les actionnaires minoritaires d'Usinor et Sacilor ont été honteusement spoliés. Pouvez-vous rester sans réagir devant une telle injustice?» A la suite de quoi, Edouard répondit, pédagogue en diable, qu'une «crise mondiale affecte le marché de l'acier depuis 1974». Que «l'Etat actionnaire a apporté 100 milliards de francs depuis huit ans, soit 2.000 francs par Français». A côté, les petits porteurs n'avaient perdu que 460 millions de francs. Pas de quoi se plaindre.

Jacques Sène fut néanmoins victime d'un sacré coup d'accordéon ­ le premier du genre en France. La manip consiste à réduire à zéro le capital d'une entreprise ­ les actions ne valent plus rien. Puis à procéder à une augmentation de capital, histoire de repartir