Notre papy boursicoteur ne décolère pas: «C'est un comble!» Dans ses
mains, un prospectus pour acheter des actions Usinor-Sacilor. Mais Jacques Sère a déjà donné: actionnaire du sidérurgiste jusqu'en 1986, il avait perdu près de 200.000 francs au moment où Usinor et Sacilor avaient frôlé le dépôt de bilan 45 milliards de francs de pertes cumulées.
Son infortune lui fut communiquée par un courrier bancaire du 29/12/1986: «Vos titres sont à considérer comme ayant défitivement perdu toute valeur.» A l'époque, son sang ne fit qu'un tour: perdre de l'argent en Bourse, passe encore. Mais se faire poignarder par son député du XVe arrondissement, accessoirement ministre de l'Economie, c'en est trop. Carte RPR no 878348-7518, Jacques Sère écrit à Edouard Balladur: «Les actionnaires minoritaires d'Usinor et Sacilor ont été honteusement spoliés. Pouvez-vous rester sans réagir devant une telle injustice?» A la suite de quoi, Edouard répondit, pédagogue en diable, qu'une «crise mondiale affecte le marché de l'acier depuis 1974». Que «l'Etat actionnaire a apporté 100 milliards de francs depuis huit ans, soit 2.000 francs par Français». A côté, les petits porteurs n'avaient perdu que 460 millions de francs. Pas de quoi se plaindre.
Jacques Sène fut néanmoins victime d'un sacré coup d'accordéon le premier du genre en France. La manip consiste à réduire à zéro le capital d'une entreprise les actions ne valent plus rien. Puis à procéder à une augmentation de capital, histoire de repartir