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Libération

Un transporteur veut licencier les empêcheurs de rouler en rond. Les salariés réclament des négociations sur le temps de travail.

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publié le 19 juillet 1995 à 6h18

Aubenas,

envoyé spécial La société ardéchoise Transports Mazet n'avait pas connu de grève depuis sa fondation il y a soixante-douze ans. Sa direction vient d'engager une procédure de licenciement contre vingt-sept chauffeurs routiers, dont dix délégués du personnel, en grève depuis un mois. «Ils ont commis une faute grave en bloquant l'entreprise pendant un jour», explique le PDG Pierre Mazet.

A la tête de la maison mère d'Aubenas, Pierre Mazet dirige neuf agences sur l'ensemble du territoire. Avec ses 800 salariés et 800 véhicules et un chiffre d'affaires de 400 millions de francs en 1994, il ne cache pas sa fierté «de n'avoir connu jusqu'ici que des syndicats qui ne posaient pas de problèmes et des comités d'entreprises avec lesquels nous tenions un banquet annuel». Il tonne contre les grévistes: «Ils ne sont que 27 sur 150.» Vingt-sept qui exigent de négocier le futur «contrat de progrès» de l'entreprise qui ramènera les horaires mensuels de 182 à 169 heures à partir du 1er octobre. Vingt-sept qui refusent de se voir imposer sans concertation une nouvelle organisation du travail. Négocier? «Il n'y a rien à négocier, s'emporte Pierre Mazet. Notre seul tort est d'avoir voulu tester en vraie grandeur la future organisation du travail.»

Face à l'entreprise, les grévistes ont planté une tente et quelques banderoles. Pour ceux-là, bien avant cette affaire de test,tout a commencé il y a dix-huit mois, au lendemain du licenciement d'un chauffeur qui avait douze ans d'ancienneté. «N