Menu
Libération

Trois syndicats ouvriers américains unissent leurs forces

Article réservé aux abonnés
publié le 28 juillet 1995 à 6h44

Tandis que les patrons américains regardaient vers le Japon, leurs

salariés se sont mis à regarder du côté de l'Allemagne. Et le clash qui pourrait en résulter promet d'avoir des effets profonds. Tel est, en tous cas, le message que les présidents des trois principaux syndicats américains de l'automobile, de la sidérurgie et de l'aéronautique (1) ont voulu faire passer, en annonçant hier leur volonté de fusionner leurs organisations d'ici à l'an 2000. Inspiré clairement du modèle d'IG-Metall, le puissant syndicat allemand de la métallurgie, comme l'a affirmé Stephen Yokich, qui préside le syndicat de l'automobile depuis juin, le nouveau syndicat devrait compter environ deux millions de membres. Il succédera progressivement aux trois syndicats, qui figuraient parmi les pionniers du mouvement ouvrier américain. Leur disparition constitue en elle seule un symbole.

Cette décision est d'autant plus stratégique qu'elle intervient alors que l'industrie américaine ­ automobile en tête ­ continue d'annoncer des profits élevés, liés eux-mêmes, en grande partie, aux restructurations menées dans les années 80, période de forte désyndicalisation. Le syndicat de l'automobile compte 770.000 membres (contre 1,5 million il y a vingt ans), celui de la sidérurgie 700.000 (contre 1,1 million), et celui de l'aéronautique 474.000 (contre 800.000). Et si, dans le secteur public, 40% des salariés sont syndiqués, le taux dans le secteur privé dépasse à peine les 10%. C'est moitié moins qu'il y a vingt