L'allumette mise sur le vert pour un retour de flamme
Une seule usine pour une consommation en déclin.
«Il y a trente-cinq ans, il restait encore huit usines en France, qui faisaient travailler deux mille personnes. Aujourd'hui, nous ne sommes plus que cent soixante-trois. La dernière usine à avoir fermé est celle de Mâcon, en 1993», raconte Roger Prigent, coordinateur de fabrication de la dernière usine d'allumettes de France, installée à Saintines (Oise), l'un des berceaux historiques de l'allumette chimique française. «En 1853, un monsieur Crépu avait obtenu l'autorisation de fabriquer ici des allumettes.» Depuis, l'usine n'a pas bougé.
Chaque année, elle consomme huit mille quatre cents mètres cubes de bois, exclusivement de l'I214 et du Robusta, deux variétés de peuplier tout spécialement mises au point pour les allumettes. «Un bon arbre doit avoir entre vingt-cinq et trente ans d'âge, un tronc de cinquante à soixante centimètres de diamètre, et puis il doit avoir poussé régulièrement.»
En quelques heures, les troncs sont débités, écorcés, déroulés et découpés menu. La future allumette est ensuite traitée pour uniformiser sa couleur, polie pour éviter les échardes, traitée pour contrôler la rapidité de la flamme. Le petit bout de bois est ensuite «chimiqué», autrement dit trempé dans une pâte chimique, qui constituera le bouton inflammable. «Pour le bouton, il n'y a plus guère de secrets. Tous les fabricants utilisent la même recette. Les seuls différences se résument à un