Plus de 97% de oui. Ce n'est pas le résultat d'un référendum sur la
reprise des essais nucléaires dans le Pacifique, mais celui d'un vote auprès de 300.000 Australiens, qui va permettre à l'assureur français AXA de mettre la main sur National Mutual (Nat Mut), deuxième assureur wallaby.
A priori, aucun rapport entre les deux. Les négociations entre AXA et Nat Mut remontent à juin 1994, finalisées en janvier 1995 par le feu vert du gouvernement australien. Restait une formalité à accomplir: convaincre, du 26 juin au 8 août, 1,2 million de sociétaires de renoncer au statut mutualiste, afin de créer une nouvelle société privée (National Mutual Holding) détenue à 51% par AXA. Quand, fatalitas, Jacques Chirac lâche sa bombe.
«Cette décision tombe au mauvais moment», soupirent alors les dirigeants d'AXA. Depuis, ils répètent sur tous les tons qu'AXA n'a rien à voir avec le gouvernement français. Dans le document remis aux sociétaires, AXA apparaît d'abord sous l'appellation de «groupe international d'assurance». Puis, précision utile, de «groupe international basé à Paris». Mais c'est pour mieux préciser qu'AXA sera bientôt coté à Wall Street.
Dès le départ, pourtant, le deal était sévèrement borné pour éviter tout réflexe nationaliste. Le gouvernement australien avait fixé quatre conditions: le siège de Nat Mut restera à Melbourne; la majorité du conseil d'administration sera composée d'autochtones; AXA ne pourra dépasser la barre des 51% sans le feu vert de l'administration; enfin,