Derrière une copie du saint juché sur un palanquin fleuri, la longue
file s'étire sur plus de deux kilomètres dans les rues du quartier populaire de Liniers, le long d'un stade de football, au bord du périphérique. Venus des banlieues de Buenos Aires, campant sous l'autoroute ou à même le trottoir sur des matelas ou des chaises pliantes, les plus courageux sont arrivés il y a plus d'une semaine. Tous attendent l'aube du lundi 7 août pour défiler dans la basilique en béton et approcher la statue du patron du travail: saint Cayetano.
Assise sur un petit pliant, Aïda, 53 ans, est là depuis samedi. «Mon mari a été licencié de Coca-Cola il y a un an. Moi, je fais des ménages un jour par semaine et aucun de mes enfants ne trouve de travail. Alors je suis venue pour toute la famille...», soupire-t-elle. Autour d'Aïda, l'ambiance est conviviale, avec des allures de kermesse. A la chaleur de braseros, on vend des images du saint assorties d'épis de blé peints. Dans la fumée des grillades, on fait circuler le maté, l'infusion nationale.
Saint Cayetano, lui, ne chôme pas. La traditionnelle procession connaît cette année une affluence record. Il faut dire que l'Argentine a atteint en juillet le plus fort taux de chômage de son histoire: 18,6% au niveau national, avec des pointes dépassant les 20% dans les banlieues et les grandes agglomérations. Cela fait 2,2 millions de chômeurs, dont seulement un sur vingt touche une allocation (de mille francs environ) auxquels s'ajoutent 1,4 million d