Il n'aura pas fallu longtemps aux géants américains du tabac pour
organiser la résistance: à peine Bill Clinton venait-il d'approuver l'adoption d'une batterie sans précédents de mesures destinées à limiter l'accès au tabac pour les jeunes de moins de 18 ans, qu'ils annonçaient leur intention d'attaquer devant les tribunaux les mesures proposées par la Food and Drug administration (FDA). Techniquement, rien pourtant ne justifie l'urgence: l'administration doit en effet d'abord laisser courir un premier délai légal de quatre-vingt-dix jours pendant lequel toutes les parties concernées peuvent lui faire part de leur réaction au dispositif réglementaire envisagé; ensuite, trois mois supplémentaires doivent s'écouler avant l'entrée en vigueur de la nouvelle réglementation.
En plaçant le débat sur le terrain de la Constitution, des libertés individuelles et de la liberté d'expression, les entreprises concernées entendent surtout désamorcer un nouveau débat sur le tabac et les enfants, susceptible de porter un peu plus atteinte à leur image. A travers les Etats-Unis, des dizaines de procès sont en cours où les fabricants de cigarettes figurent en position d'accusés, notamment pour avoir exploité l'accoutumance née de la nicotine et dissimulé pendant de nombreuses années ses effets nocifs. Les cinq entreprises engagées dans ce nouveau combat sont surtout connues du grand public à travers leurs marques de cigarettes. Mais il faudra s'habituer à les connaître par leur nom: les proposi