Strasbourg,
de notre correspondant «En voyant ces milliers d'hosties, je pense souvent au miracle de la multiplication des pains.» Malgré l'effondrement de la pratique religieuse, le marché du pain d'autel reste stable en France et sait pratiquer un oecuménisme de bon aloi. Bien que protestants et catholiques diffèrent largement sur la signification de la communion, les deux confessions se partagent les mêmes fournisseurs.
«Notre production se maintient d'une année sur l'autre, au point que l'on peut se demander ce que veulent dire toutes ces communions. Mais nous ne sommes pas là pour en juger», soupire la prieure des Bénédictines du saint sacrement de Rosheim, dans le Bas-Rhin, l'une des trois communautés religieuses d'Alsace à produire des pains d'autel. Deux sont catholiques, la troisième, la communauté des soeurs du Neuenberger à Eckartswiller, dans le Bas-Rhin, est protestante.
Cette vocation est venue aux soeurs de Rosheim en 1962, année où elles ont fêté le centenaire de la fondation de leur communauté. «A cette occasion, les Soeurs de la croix de Strasbourg, qui arrêtaient leur production, nous ont offert leur matériel et leur clientèle», poursuit la prieure. Pour les quatorze soeurs présentes, cette production est beaucoup plus qu'un gagne-pain. Elles la vivent d'abord comme un service d'église et, surtout, comme un acte de foi. «C'est le Christ parmi nous, et non juste une activité pour faire vivre la communauté. L'hostie est un objet sacré, qui mérite le plus grand