Alain Bernard rêve de passer un bon savon aux statisticiens qui colportent depuis des lustres l'idée selon laquelle les Français seraient nettement plus sales que leurs voisins, chiffres de la consommation de savonnettes à l'appui. PDG de la savonnerie Bernard, il déplore cette «réputation déplaisante, imméritée et pourtant ancrée». C'est que ces statistiques désobligeantes, émises par le très sérieux Syndicat patronal de la savonnerie, éliminent délibérément l'achat de savon de Marseille, traditionnellement dévolu au linge lavé à la main et à la buanderie domestique. Pas propre, la manip: car le fameux cube rustique a depuis longtemps quitté la buanderie pour la salle de bains, en se muant en savonnette «de Marseille».
Bien que sur une pente glissante, sous la concurrence effrénée du gel douche, la consommation française de savon de toilette est de 35.000 tonnes par an, auxquelles il faut donc ajouter les 20.000 tonnes de savon de Marseille une paille... Les Français achètent ainsi 246 millions de savons de toilette par an. Et en consomment un kilo par habitant: l'Hexagone est dans la moyenne européenne.
Dans l'Antiquité, les sujets des pharaons grattent la soude marine sur le littoral pour laver leur linge. Les Gaulois mêlent suif et cendres végétales pour les soins de leurs cheveux, les Romains se lancent dans la blanchisserie. Au XIXe siècle, la savonnerie s'industrialise grâce à la maîtrise de la fabrication de la soude.
Vert quand il était fabriqué à base d'huile d'oliv