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Curiosité. Industrie, la face cachée des objets quotidiens. Aujourd'hui: la brouette.Le high-tech à bout de bras.Haemmerlin est leader mondial avec 600.000 pièces.

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publié le 19 août 1995 à 7h20

«Les travaux publics, maintenant, c'est fini. Les cantonniers ont

disparu, et avec eux leurs brouettes. Ils sont aujourd'hui remplacés par madame qui jardine.» Cela n'empêche pas Haemmerlin, le numéro un mondial de la brouette, de voir l'avenir en rose. Ou plutôt en vert, la couleur fétiche de la maison qui, à Saverne, dans le Bas-Rhin, produit chaque année 800.000 brouettes vendues dans une cinquantaine de contrées. «Le numéro deux français est sept fois plus petit que nous, et le numéro deux mondial, un hollandais, produit 600.000 pièces. Partout ailleurs, les plus grosses unités plafonnent à 100.000 ou 200.000», précise Bernard Haemmerlin, représentant la quatrième génération d'une entreprise fondée en 1867 et dont le contrôle n'est jamais sorti depuis de la famille.

«Par définition, une brouette, c'est une caisse, une roue, un brancard. C'est un produit tellement simple qu'il est parfait», raconte-t-il. Une simplicité trompeuse qui a permis aux Haemmerlin de s'imposer en misant sur l'innovation technologique.

A l'origine de la brouette moderne, Charles Haemmerlin, un artisan serrurier-ferronnier qui, en 1891, décroche le contrat du siècle: 300 brouettes pour les chemins de fer d'Alsace alors sous occupation allemande. Ayant fait son apprentissage en Allemagne, il en avait rapporté un souvenir particulier: les brouettes allemandes étaient en métal, et non en bois, comme c'était l'usage dans le reste de l'Europe. Le retour de l'Alsace à la France en 1918 se passe mal pour C