Les dames de la Croix-Rouge ont du vague à l'âme. Des années de bons
et loyaux services au département des convois de l'organisation, trente, parfois quarante ans d'affilée, et puis un jour plus rien. Mais vraiment plus rien. Même pas de quoi prendre sa retraite dans la dignité. Josette, Marie les «dames» préférant conserver l'anonymat, il s'agit de prénoms d'emprunt et quelques autres ont, des années durant, assumé le rôle de «convoyeuses» pour la Croix-Rouge, elle-même sous-traitant des entreprises comme le Club Med ou la SNCF, afin d'accompagner des enfants dans le train. A la SNCF, ce service a un nom: JVS («jeunes voyageant seuls»). Créé en 1976, JVS a assuré le transport de quelque 25.000 enfants de 4 à 13 ans en 1994, à raison de 8 à 10 mômes par convoi...
Rien à voir avec les missions traditionnelles de la Croix-Rouge. Il s'agit là d'un service commercial. Entre la SNCF et la Croix-Rouge, il existe un contrat en bonne et due forme, d'un montant de 1,6 million de francs, à charge pour la Croix-Rouge de fournir un personnel compétent et sérieux, titulaire d'un brevet de secouriste ou d'un Bafa (brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur) selon les clauses du contrat. Qui précise: «La Croix-Rouge française s'engage à prendre toutes les dispositions utiles en vue de maintenir la stabilité de son personnel.»
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, pour le compte de plusieurs sociétés, puis pour la SNCF, Josette, Marie et les autres ont sillonné la France entière, a